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Comment les photos et albums de famille, peuvent-ils être vecteurs de la mémoire familiale à l’ère du numérique ? Photo-thérapie Analytique® et mémoire familiale


A portrait of you
A portrait of you

Pourquoi faisons-nous des photos de famille ?

Depuis l’invention de la photographie, les familles n’ont cessé de capturer leurs moments de vie : naissances, mariages, fêtes religieuses, vacances, repas de fête, entrée au service militaire... Chaque cliché témoigne d’un instant partagé, d’un lien, d’une appartenance à un groupe.

Prendre des photos de famille, c’est chercher à sauvegarder une mémoire, à conserver une trace. Mais une photo ne vit vraiment que lorsqu’elle est regardée, racontée, investie d’affects. Sans récit, elle reste muette. Sans parole, les personnes disparues présentes sur les clichés meurent une seconde fois.

« La Photographie répète mécaniquement ce qui ne pourra jamais plus se répéter existentiellement. »— Roland Barthes, La Chambre claire (1980)


Le rôle fondateur des albums de famille

Avant l’ère numérique, les albums constituaient de véritables archives vivantes. Celui ou celle qui en avait la charge organisait les souvenirs, opérait un tri, hiérarchisait les images. Chaque famille construisait ainsi son roman familial : une légende collective faite de récits transmis, mais aussi de silences.

« L’album de famille n’est jamais neutre : il montre autant ce que l’on veut transmettre que ce que l’on choisit d’oublier. »— Dominique Veillon, La mémoire des images (2002)

Même si les albums avaient tendance à effacer les « sujets qui fâchent » (l’oncle suicidé, la nièce internée, le grand-père incestueux…), ils constituaient un rite initiatique : les parents et grands-parents racontaient, identifiaient, complétaient, transmettaient — ou omettaient. L’enfant découvrait ainsi ses racines et pouvait trouver sa place dans la lignée. Les notes manuscrites inscrites en marge ou au dos des photos renforçaient cette temporalité indispensable à la compréhension de son histoire. Et puis, les images ont besoin de matérialité, du contact sensuel avec elles pour qu’elles puissent passer de mains en mains dans un acte de transmission réelle. Le papier, lui aussi conserve la trace du temps.

« La photographie est à la fois trace, preuve et énigme : elle dit, elle cache et elle interroge. »— François Soulages, Esthétique de la photographie (1998)


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L’ère du numérique : bouleversement des pratiques

L’apparition du numérique a bousculé ces modes de transmission. Prendre une photo ne représente plus aucun coût : il n’est plus nécessaire de choisir soigneusement pour ne pas « gâcher la pellicule ». Nous sommes entrés dans une ère nouvelle de l’image, marquée par l’immédiateté, la rapidité, l’abondance.

Jamais nous n’avons produit autant de photos, grâce aux appareils numériques, smartphones, ordinateurs ou tablettes. Les canaux de diffusion et de stockage se sont multipliés : mails, réseaux sociaux, clouds, plateformes, clés USB, disques externes… Faute de classement, nous ne savons souvent plus où les retrouver.

En 2024, environ 14 milliards d’images sont partagées chaque jour sur les réseaux sociaux :

  • 6,9 milliards via WhatsApp

  • 3,8 milliards sur Snapchat

  • 2,1 milliards sur Facebook

  • 1,3 milliard sur Instagram

Face à cette masse exponentielle, il devient difficile de hiérarchiser. Le banal et l’anecdotique voisinent avec des moments uniques : une nouvelle coupe de cheveux côtoie les premiers pas d’un enfant ou la dernière photo d’une grand-mère.

Nous partageons beaucoup, mais la mémoire se délite. Le processus est si rapide et éphémère que nous oublions presque aussitôt ce que nous venons de voir. Nous déléguons notre mémoire à des supports externes, fragiles et rapidement obsolètes. Un disque dur qui lâche peut emporter une partie de notre histoire.

« À l’heure du tout numérique, nous ne faisons plus mémoire, nous faisons instantané. »— Nicole Aubert, Le culte de l’urgence (2003)


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Les photos sont plus que de simples souvenirs. Elles constituent un patrimoine intime, une mémoire inconsciente. Elles révèlent ce que les mots taisent, réveillent des émotions, nourrissent notre construction identitaire.

Pour les préserver, il est essentiel de réinventer notre rapport aux images :

  • Réfléchir à ce que l’on veut conserver

  • Imprimer certaines photos

  • Constituer des albums pour transmettre une mémoire choisie

  • Prendre le temps de commenter les images en famille

  • Créer des supports ludiques (photomontages, arbres généalogiques illustrés, récits inventés, reconstitution de souvenirs...)

Et si la tâche paraît insurmontable, un Photo-Thérapeute — psychothérapeute formé au travail des images — peut vous accompagner dans ces démarches de sélection, tri, dialogue, reconstitution.

L’image, en prise directe avec notre part inconsciente est « un papier couvert d’émotions » (Judy Weiser, Phototherapy Techniques, exploring the secrets of personal snapshots and family albums). La photographie est par essence chargée d’affects mais aussi de souvenirs profondément enfouis que le Photo-thérapeute aide à mettre au jour pour faire des liens avec son histoire et mieux se comprendre pour mieux transmettre.  



À l’heure où tout va trop vite, préserver ce patrimoine imagier commun est indispensable. Les photographies de famille sont des vecteurs de mémoire, des miroirs identitaires, des supports de transmission. Elles construisent du lien intra et transgénérationnel, éclairent les histoires et les silences et contribuent à forger l’identité de chacun.

Les oublier, c’est s'oublier. Les réinventer, les sortir du silence glacé des machines, c’est transmettre autrement.

 

Contact : Catherine Jubert à ateliersecrireaparis@gmail.com

 
 
 

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Photographies © Catherine Jubert

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